Marie BELL
 Actrice française
«Je suis éclairée n'importe comment, c'est scandaleux : j'ai l'air d'avoir 50 ans !» s'écrie Marie Bell qui refuse de se voir vieillir et menace sous ce prétexte de quitter le tournage des Volets clos. Pourtant, en ce début des années 70, elle est déjà septuagénaire.
Marie Bell naît Marie-Jeanne Bellon le 23 décembre 1900 à Bègles dans la banlieue bordelaise. Elle passe son enfance en Angleterre où vit son père, d'origine irlandaise. Elle suit d'abord une formation de danseuse classique et elle débute comme comédienne en Grande-Bretagne. Elle intègre ensuite le conservatoire d'art dramatique de Bordeaux puis celui de Paris. Admise en 1921 comme pensionnaire à la Comédie-Française, elle en devient, en 1928 sociétaire. Marie Bell qui excelle dans des rôles de tragédienne (Ruy Blas, Cyrano de Bergerac, Esther, Le Cid) va néanmoins rattacher son nom au répertoire cinématographique français. Elle débute, noblesse oblige, dans la première rétrospective filmée de la vie de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. L'œuvre réalisée par Jacques de Féraudy bénéficie d'une très large distribution avec notamment Berthe Bovy et Madeleine Renaud. Marie Bell apparaît dans cinq films muets dont Figaro d'après Beaumarchais avec Ernst van Duren dans le rôle titre.
Premiers succès parlants
L'avènement du parlant est accueilli avec enthousiasme par la comédienne qui tourne à Berlin La nuit est à nous de Roger Lion assisté de Carl Froelich et Henry Roussel. Et elle participe à une vingtaine de film durant les années trente dont L'Homme à l'Hispano avec Jean Murat, Le grand jeu de Jacques Feyder, où elle interprète un double rôle face à Pierre Richard-Willm mais aussi Le roman d'un jeune homme pauvre d'Abel Gance avec Pierre Fresnay, Sous la terreur en double version française et italienne, avec Fosco Giachetti. Elle donne également la réplique à Albert Préjean (Le joker), Constant Rémy (Poliche), Harry Baur et Pierre Blanchar (Carnet de Bal), Pierre Renoir (Ceux du Ciel), Charles Vanel (Légions d'honneur), Louis Jouvet (La Charrette fantôme).
L'incarnation de Phèdre
Elle interprète souvent des rôles dramatiques en particulier sous la direction de Abel Gance, Julien Duvivier et Léo Joannon. Mais elle est aussi la femme libérée de La garçonne de Jean de Limur, avec Suzy Solidor et Arletty et elle donne la réplique à Michel Simon et Raimu dans Noix de coco de Jean Boyer d'après la pièce de Marcel Achard. Durant la même décennie, elle est directrice du théâtre de l'Ambassadeur et captive le tout Paris dont Louis Ferdinand Céline. Pendant l'occupation allemande, Marie Bell reste une artiste phare de l'époque. Elle reprend en 1942 son rôle emblématique de Phèdre dans la pièce de Racine mis en scène par Jean-Louis Barrault à la Comédie-Française où elle fait engager Raimu en 1944. Elle réussit auprès de l'acteur toulonnais une belle prestation en aristocrate manipulatrice refusant de croire au retour de son mari dans Le colonel Chabert réalisé par René Le Hénaff, et adapté d'Honoré de Balzac par Pierre Benoît. Ce film sera le dernier de la comédienne pour cette première partie du vingtième siècle. En 1946, Marie Bell quitte la Comédie-Française. À partir de 1958, elle assume la direction du Théâtre du Gymnase qui porte désormais son nom. Elle y joue tous les auteurs dont Françoise Sagan et Jean Genet, et y invite Thierry Le Luron et Coluche.
Retour chez Visconti
En 1962, Luchino Visconti réussit à convaincre Marie Bell de faire une apparition dans Le guépard et elle retrouve le cinéma pour quelques rôles dont Sandra où elle retrouve Visconti. En 1968 elle donne la réplique à celui qui fut son compagnon, Jean Chevrier, dans Phèdre adapté au cinéma par Pierre Jourdan. Jean-Claude Brialy la dirige dans Les volets clos, le dernier film de cette très grande dame de la scène. En 1974, Marie Bell paraît pour la dernière fois sur scène dans Ne coupez pas mes arbres auprès de Robert Lamoureux. L'année suivante, une grande histoire d'amour trouve son dénouement avec la mort de Jean Chevrier. Unis depuis 1953, ils s'étaient à plusieurs reprises retrouvés sur scène comme en 1965 où ils jouaient ensemble Les enchaînés d'Eugène O'Neill. Marie Bell décède le 14 août 1985 à Neuilly-sur-Seine. Elle avait reçu la légion d'honneur par le général de Gaulle pour faits de résistance.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Chevrier
1924 : Paris de René Hervil
1926 : La valse de l'adieu d'Henry Roussel
1928 : Madame Récamier de Tony Lekain & Gaston Ravel
1929 : La nuit est à nous de Roger Lion
1929 : Figaro de Tony Lekain & Gaston Ravel
1930 : L'homme qui assassina de Curtis Bernhardt & Jean Tarride
1930 : La folle aventure d'André-Paul Antoine
1931 : Le joker d'Erick Waschneck
1931 : La chance de René Guissart
1932 : L'homme à l'Hispano de Jean Epstein
1933 : Caprice de princesse de Karl Hartl & Henri-Georges Clouzot
1933 : Fédora de Louis J. Gasnier
1934 : Le grand jeu de Jacques Feyder
1934 : Poliche d'Abel Gance
1935 : Quand minuit sonnera de Léo Joannon
1935 : Le roman d'un jeune homme pauvre d'Abel Gance
1935 : Sous la terreur de Marcel Cravenne
1935 : Sous la terreur (Fiordalisi d'oro) de Giovacchino Forzano
1935 : La garçonne de Jean de Limur
1935 : Les demi-vierges de Pierre Caron
1936 : La tentation de Pierre Caron
1936 : La glu de Jean Choux
1936 : Blanchette de Pierre Caron
1937 : Un carnet de bal de Julien Duvivier
1937 : Pantins d'amour de Walter Kapps
1938 : Légions d'honneur de Maurice Gleize
1938 : Noix de coco de Jean Boyer
1939 : La charrette fantôme de Julien Duvivier
1940 : Ceux du ciel de Yvan Noé
1942 : Vie privée de Walter Kapps
1943 : Le colonel Chabert de René Le Hénaff
1962 : Le guépard (Il Gattopardo) de Luchino Visconti (apparition)
1963 : La bonne soupe de Robert Thomas
1965 : Sandra (Vaghe stelle dell'orsa) de Luchino Visconti
1966 : Paradiso, hôtel du libre échange (Hotel Paradiso) de Peter Glenville
1968 : Phèdre de Pierre Jourdan
1972 : Les volets clos de Jean-Claude Brialy


Filmographie de Marie BELL
 
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