Guy Bedos voit le jour à Alger, le 15 juin 1934. Quand la famille s'installe à Paris, Guy Bedos quitte à 16 ans un foyer délétère et honni, avec l'envie féroce de faire un pied de nez au destin. Et d'embrasser une carrière d'artiste. Vivant de petits boulots, il s'inscrit à des cours de théâtre à l'École de la rue Blanche et y signe sa première mise en scène d'une pièce de Marivaux. Parallèlement, il se produit dans le cabaret de Pierre Prévert, frère du poète, et se révèle doué pour interpréter, puis écrire lui-même, des sketchs humoristiques où il dessine un personnage de timide en révolte. Sa vocation est née. Le cinéma le happe dès 1955 avec une comédie dramatique de Marc Allégret, Futures vedettes face à Brigitte Bardot et Jean Marais. Dès lors, Guy Bedos caracole dans des seconds rôles aussi différents que ceux d'amoureux éconduit dans Ce soir les jupons volent de Dimitri Kirsanoff, de jeune bourgeois aisé dans Les tricheurs de Marcel Carné, ou encore de bègue dans le film de guerre de Jean Renoir Le caporal épinglé avec ses copains Jean-Pierre Cassel, Claude Brasseur et Claude Rich.
Une bête de scène
Reconnu pour ses talents d'écriture, Guy Bedos collabore au scénario d'une comédie musicale de Jacques Baratier, Dragées au poivre et en interprète le personnage principal découvrant les snobismes artistiques de l'époque. C'est un succès, partagé avec nombre d'acteurs dont Sophie Daumier. Guy Bedos l'épouse et l'enrôle pour pimenter ses sketchs de duos aussi savoureux que La drague, concocté avec son ami et complice Jean-Loup Dabadie. Le couple désopilant sur scène n'en continue pas moins à tourner pour le cinéma, encore ensemble dans Aimez-vous les femmes ? de Jean Léon. Claude Langmann, alias Claude Berri, confie à Guy Bedos le soin de l'incarner dans son film autobiographique Le pistonné. Puis c'est la fructueuse collaboration avec le cinéaste Yves Robert qui, après Les copains, lui fait endosser un hilarant médecin hypocondriaque, Simon, harcelé par une mère possessive et étouffante, jouée par Marthe Villalonga. Avec Jean Rochefort, Claude Brasseur et Victor Lanoux, Un éléphant, ça trompe énormément puis Nous irons tous au paradis content les péripéties burlesques de quatre amis aux vies privées pleines de turbulences.
Un génial papy
C'est dans le one-man show qu'il va véritablement éclater dans les années 70-80. Acerbe, politiquement engagé, il alterne sketchs écrits avec Jean-Loup Dabadie et improvisations dont sa fameuse revue de presse. Espaçant les tournages au profit du music-hall, Guy Bedos revêt le costume du grand-père râleur puis amadoué dans Il est génial, Papy! de Michel Drach, répond présent à Yves Robert pour Le bal des casse-pieds, s'associe à l'appel lancé par l'Association France Alzheimer, Écrire contre l'oubli sous la direction de Patrice Leconte. Il surprend en jouant au théâtre La Résistible Ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht mis en scène par Jérôme Savary. Sa dernière apparition sur grand écran est une ode à la vie, clamée par des amis bien décidés à mettre à distance le spectre de la maison de retraite dans Et si on vivait ensemble. Pour Guy Bedos, la scène est vitale. Entendre les fous rires d'un public jamais rassasié de son humour mordant cicatrise une enfance saccagée. Artiste engagé, homme de gauche, en révolte contre le racisme et les injustices sociales, il distille ses sketchs avec souvent une hargne assumée envers les gens de droite et de pouvoir. Marié à Karen Blanguernon, il est le père de la future journaliste Leslie née en 1957. Avec Sophie Daumier, épousée en 1965 et divorcée en 1977, il adopte Philippe disparu de la maladie de Huntington en 2010. Il est à nouveau père de Nicolas en 1979 et Victoria en 1983, tous deux artistes nés de son union avec Joëlle Bercot. Il a en outre une fille Mélanie née en 1977 d'une "liaison par intérim", selon ses propres mots. Des larmes aux rires et à l'oubli, ce mélancomique, atteint d'Alzheimer, passe l'arme définitivement à gauche le 28 mai 2020.
FILMOGRAPHIE :
Avec Sophie Daumier
1956 : Ce soir les jupons volent de Dimitri Kirsanoff
1956 : Courte tête de Norbert Carbonnaux
1958 : Sacrée jeunesse d'André Berthomieu
1959 : Les Tricheurs de Marcel Carné
1959 : La millième fenêtre de Robert Ménégoz
1961 : Ce soir ou jamais de Michel Deville
1962 : Le caporal épinglé de Jean Renoir
1962 : L'empire de la nuit de Pierre Grimblat
1962 : Carambolages de Marcel Bluwal
1963 : Soupe aux poulets de Philippe Agostini
1963 : Dragées au poivre de Jacques Baratier
1964 : Aimez-vous les femmes de Jean Léon
1964 : Les Copains d'Yves Robert
1966 : Sept hommes et une garce de Bernard Borderie
1969 : Appelez-moi Mathilde de Pierre Mondy
1969 : Le Pistonné de Claude Berri
1971 : Pouce de Pierre Badel
1971 : L'Œuf de Jean Herman
1974 : Le jardin qui bascule de Guy Gilles
1976 : Un éléphant ça trompe énormément d'Yves Robert
1977 : Nous irons tous au paradis d'Yves Robert
1979 : Même les mômes ont du vague à l'âme de Jean-Louis Daniel
1984 : Réveillon chez Bob de Denys Granier-Deferre
1986 : Sauve-toi, Lola de Michel Drach
1987 : Il est génial, Papy ! de Michel Drach
1987 : Bonne chance, monsieur Pic de Maurice Failevic (tv)
1991 : Le bal des casse-pieds d'Yves Robert
1991 : Ecrire contre l'oubli, « Pour Alexandre Goldovitch, URSS » de Patrice Leconte
1995 : Un homme est tombé dans la rue de Dominique Roulet
1996 : Sous les pieds des femmes de Rachida Krim
2002 : Les clefs de bagnole de Laurent Baffie
2003 : C'est la vie camarade ! de Bernard Uzan(tv)
2005 : Une Famille pas comme les autres d'Édouard Molinaro (tv)
2005 : La Jungle de Mathieu Delaporte
2006 : Sortie de scène de Nicolas Bedos (tv)
2007 : Survivre avec les loups de Véra Belmont
2007 : Les Interminables de Thomas Pieds (tv)
2010 : Moi, Michel G., milliardaire, maître du monde de Stéphane Kazandjian
2010 : Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin
Filmographie de Guy BEDOS