Jacques BAUMER
 Acteur et metteur en scène français
Un visage sévère, un physique banal, mais un talent certain et un naturel confondant, Jacques Baumer est un acteur français de théâtre et de cinéma méconnu. S’il n’a occupé que deux fois la tête d’affiche comme timide Morin d’après Maupassant et Durand bijoutier facilement oubliable, il a composé des personnages secondaires avec autorité et naturel.
Jacques Henri Nusbaumer dit Jacques Baumer naît à Paris le 12 avril 1885. Fils du bijoutier Jérôme Nusbaumer et d’Élisabeth Frank, femme au foyer, il débute sa carrière d’artiste dans des pièces de boulevard comme La souriante Madame Beudet de Denys Amiel ou Dardamelle ou le cocu d Émile Mazaud, et des opérettes comme La Maréchale Sans-Gêne d’après Victorien Sardou et Emile Moreau, au théâtre du Châtelet. Toute sa vie, il reste attaché au théâtre, comme acteur mais aussi comme metteur en scène pour des auteurs de renom comme Jean Cocteau, Sacha Guitry ou Marcel Achard. Et c’est tardivement, à 47 ans, qu’il se lance dans le cinéma après une brève apparition dans le feuilleton de Luitz-Morat, Les Chouans en 1925.
Des notables autoritaires
Petit bonhomme pête-sec, ni son âge ni son physique ne le prédisposent à jouer les jeunes premiers. Sa création dans Ce Cochon de Morin de Georges Lacombe d’après une nouvelle de Guy de Maupassant, où il joue le rôle principal impose sa dégaine rageuse, sa voix incisive et son autorité. Dans les années trente, il occupe des seconds rôles d’hommes timides, discrets avec naturel et sobriété. Il est le propriétaire monsieur Jubette dans La Belle Équipe, le procureur dans Courrier Sud, le fonctionnaire servile dans Mollenard de Robert Siodmak avec Harry Baur et Gabrielle Dorziat, le père de la victime dont Michèle Morgan est accusée du meurtre dans Gribouille, un docteur dans La Glu de Jean Choux. Il tourne plusieurs films de Marcel L’Herbier incarnant le commandant Bovy dans La Porte du Large, le politicien Prokoff qui tente d’assassiner Raspoutine dans La Tragédie impériale et Georges Clemenceau dans Entente cordiale auprès de Gaby Morlay dans le rôle de la reine Victoria et Victor Francen en Edouard VIII.
Des policiers opiniâtres
L’univers judiciaire lui va bien. Jacques Baumer est commissaire dans Café de Paris et dans Le jour se lève de Marcel Carné, l’inspecteur Lambert dans Derrière la façade où il forme un tandem épatant avec Lucien Baroux, un rôle qu’il reprend associé à Michel Simon dans Paris New York d’Yves Mirande qui se déroule à bord du Normandie. Il campe également avec brio des magistrats comme l’inflexible Procureur Rogissart face à Raimu, dans Les inconnus dans la maison d’Henri Decoin, ou encore le retors Delbecq, ancien avoué et intendant de la comtesse dans Le colonel Chabert de René Le Hénaff, d’après Balzac avec Raimu et Marie Bell. On le retrouve dans un registre plus léger en ingénieur électricien dans Les Affaires sont les affaires de Jean Dréville d’après Octave Mirbeaux ou en notaire dans Mademoiselle Béatrice de Max de Vaucorbeil. Il est remarquable en père du procureur Villefort, dans Le comte de Monte Cristo incarné par Pierre Richard-Willm dans l’adaptation du chef-d’œuvre par Robert Vernay. Paralysé dans un fauteuil roulant, il est ce cadavre avec des yeux vivants qui ne communique qu’avec le regard.
Des sexagénaires lucides
Après la guerre, Jacques Baumer, la soixantaine marquée par un visage creusé et une allure de croque-mort s’illustre encore comme directeur de journal crapuleux dans Les Caves du Majestic interrogé par Maigret-Albert Préjean, l’intendant du marquis de Fontaine (Marcel Herrand) dans L’Impasse des deux anges, le maître d’équitation lucide, ami de Bernard Blier, dans Manèges d’Yves Allégret, l’oncle de Lana Marconi dans Le Comédien dans lequel Sacha Guitry rend hommage à son père Lucien pour terminer comme il a commencé en juge dans Ronde de Nuit, en commissaire dans Le Furet, en avocat dans Ma Pomme et en officier dans son dernier film, Caroline chérie qui va apporter la gloire à Martine Carol. Parisien de sa naissance à sa mort, il avait acquis une maison au Golfe-Juan dans les années vingt qui fera l’objet d’une toile du peintre Élisée Maclet en 1925. Discret dans sa vie comme à l’écran, Jacques Baumer décède à l’âge de 66 ans, le 20 juin 1951 à Montchauvet au sud-ouest de Paris. Il repose au cimetière du Père Lachaise.


FILMOGRAPHIE :

Avec Raimu
1925 : Jean Chouan de Luitz-Morat (8 épisodes)
1932 : Ce cochon de Morin de Georges Lacombe
1933 : Étienne de Jean Tarride
1934 : La reine des resquilleuses de Marco de Gastyne
1936 : Courrier Sud de Pierre Billon
1936 : La belle équipe de Julien Duvivier
1936 : La porte du large de Marcel L’herbier
1936 : L’homme sans cœur de Léo Joannon
1936 : La glu de Jean Choux
1937 : Gribouille de Marc Allégret
1937 : Feu ! de Jacques de Baroncelli
1937 : Un déjeuner au soleil de Marcel Cravenne
1937 : Désiré de Sacha Guitry
1937 : Double crime sur la ligne Maginot de Félix Gandéra
1937 : La tragédie impériale de Marcel L’Herbier
1937 : Mollenard de Robert Siodmak
1938 : Légions d’honneur de Maurice Gleize
1938 : La piste du Sud de Pierre Billon
1938 : Durand bijoutier de Jean Stelli
1938 : Café de Paris d’Yves Mirande
1938 : Accord final d’Ignacy Rosenkranz
1939 : Le Jour se lève de Marcel Carné
1939 : Derrière la façade de Georges Lacombe & Yves Mirande
1939 : Entente cordiale de Marcel L’Herbier
1940 : Paris-New York d’Yves Mirande
1942 : Les inconnus dans la maison d’Henri Decoin
1942 : Les affaires sont les affaires de Jean Dréville
1942 : L’appel du bled de Maurice Gleize
1942 : Le bienfaiteur d’Henri Decoin
1942 : Le comte de Monte Cristo de Robert Vernay
1942 : Mademoiselle Béatrice de Max de Vaucorbeil
1943 : Le colonel Chabert de René Le Hénaff
1943 : Les ailes blanches de Robert Péguy
1943 : Mahlia la métisse de Walter Kapps
1943 : Coup de tête de René Le Hénaff
1945 : Les caves du Majestic de Richard Pottier
1947 : Le comédien de Sacha Guitry
1947 : Par la fenêtre de Gilles Grangier
1948 : L’impasse des deux anges de Maurice Tourneur
1948 : Manèges d’Yves Allégret
1949 : Le furet de Raymond Leboursier
1949 : Millionnaires d’un jour d’André Hunebelle
1949 : Ronde de nuit de François Campeaux
1950 : Ma pomme de Marc-Gilbert Sauvajon
1950 : Caroline chérie de Richard Pottier


Filmographie de Jacques BAUMER
 
Sommaire Acteurs > Sommaire Acteurs B > Contact