Françoise Gautsch, est née le 9 juin 1931 à Constantine en Algérie. Sa mère comédienne abandonne sa carrière pour épouser le jeune polytechnicien Charles Gautsch et s'occuper de ses trois enfants, Françoise et ses deux frères. Elle reportera ses ambitions d'actrice sur sa fille. La petite Françoise débute sur les planches à sept ans au Maroc. Elle entre au lycée Molière de Casablanca et organise avec ses copines Yvonne Roussel, sœur de Michèle Morgan et Danièle Heymann future journaliste des représentations. À la fin de la guerre, en 1945, toute la famille rentre en France, alors que le père reste au Maroc, retenu par ses obligations professionnelles. Après un passage par Bagnères-de-Bigorre, la famille s'installe dans le XVIe arrondissement de Paris. Ayant peu de goût pour les études, Françoise quitte sa classe de seconde et déclare à sa mère : « Je veux faire du cinéma. » Lors d'une audition au théâtre de la Potinière, elle signe un contrat avec l'agence artistique Besnard, qui compte déjà parmi ses jeunes acteurs Magali Noël et Renée Cosima.
Compagne de la nuit
Elle va sur ses 18 ans quand elle est engagée par Willy Rozier pour L'Épave dans une rôle de belle garce. Elle va dès lors incarner, à l'écran, des personnages peu conventionnels, souvent pervers. Françoise Arnoul, même si elle a quelquefois des rôles légers, comme dans Nous irons à Paris ou de midinette comme dans French Cancan de Jean Renoir pour lequel elle s'est remis à la danse pour séduire Jean Gabin, elle joue souvent des personnages troubles et destructeurs comme dans Le Fruit défendu, La Rage au corps et La Chatte où son visage félin d'espionne perdue séduit les spectateurs. Dans les années 1950, elle travaille sous la direction de vieux routiers du cinéma comme Carlo Rim (La Maison Bonnadieu), Henri Decoin (Les Amants de Tolède, Dortoir des Grandes), Pierre Billon (Orage), Georges Lacombe (Cargaison blanche), Pierre Chenal (La Bête à l'affut). Elle épouse Georges Cravenne en 1956 et retrouve Henri Verneuil pour plusieurs films sombres comme Des Gens sans importance, récit presque autobiographique de leur adultère. Elle croise surtout des spécialistes d'une sensualité pernicieuse à l'écran comme Roger Vadim pour Sait-on jamais ? ou Pierre Kast pour La Morte Saison des Amours et Vacances Portugaises. Cette décennie brillante s'achève avec Le Chemin des écoliers de Michel Boisrond, adaptation de Marcel Aymé par Jean Aurenche et Pierre Bost, où elle joue la maîtresse d'Alain Delon, star naissante.
Une carrière en sommeil
La maturité lui a offert l'occasion de diversifier ses emplois au cinéma et à la télévision. Dans les années 1960, elle retrouve Danielle Darrieux dans Le Dimanche de la Vie et Renoir pour son Petit Théâtre, donne la réplique à Eddie Constanstine dans Lucky Jo et multiplie les caméos. Elle met sa carrière en sommeil après sa rencontre avec le cinéaste Bernard Paul en 1964 dont elle devient la compagne jusqu'à la mort du réalisateur en 1980. Pour lui, elle crée en 1968 avec Marina Vlady la société de production Francina qui finance trois longs métrages de Bernard Paul, Le Temps de vivre, Beau Masque d'après Roger Vailland et Dernière sortie avant Roissy interprété par Françoise Arnoul et filmé à Sarcelles. Ces trois films, salués par la critique, n'ont connu qu'un faible succès en salles. Françoise apparaît dans quelques films comme Dialogue d'exilés de Raoul Ruiz. Elle est la mère d'Isabelle Adjani dans Violette et François, journaliste dans Ronde de Nuit, l'épouse de Charles Aznavour dans Les Année Campagne et Mimi dans Le Cancre de Paul Vecchiali.
À la télévision, elle travaille avec Serge Moati, Guy Gilles, Pierre Kast, Bernard Queysanne, Pierre Tchernia, Jean Marbœuf, dans des adaptations littéraires de Maupassant, Marcel Aymé, Exbrayat, Boris Vian. De temps à autre, elle fait des apparitions dans des séries comme Les Cinq dernières minutes ou L'Instit. Au terme d'une vie bien remplie, elle livre ses souvenirs dans Animal doué de bonheur, un titre qui lui ressemble bien. Françoise Arnoul s'éteint des suites d'une longue maladie dans un hôpital parisien, le 20 juillet 2021. Inhumée au cimetière du Montparnasse, son identité ne figure même pas dans le caveau familial. Elle laisse cependant le souvenir d'une actrice lumineuse.
FILMOGRAPHIE :
Avec Henri Verneuil
1949 : Nous irons à Paris de Jean Boyer
1949 : Quai de Grenelle d'Emil Edwin Reinert
1950 : La rose rouge de Marcello Pagliero
1950 : Mon ami le cambrioleur d'Henri Lepage
1950 : Mammy de Jean Stelli
1951 : Le désir et l'amour d'Henri Decoin & Luis María Delgado
1951 : La maison Bonnadieu de Carlo Rim
1951 : La plus belle fille du monde de Christian Stengel
1952 : Le fruit défendu d'Henri Verneuil
1952 : La forêt l'adieu de Ralph Habib
1952 : Adieu Paris de Claude Heymann
1952 : Les amants de Tolède (El tirano de Toledo) d'Henri Decoin
1953 : Les compagnes de la nuit de Ralph Habib
1953 : Dortoir de grandes d'Henri Decoin
1953 : La rage au corps de Ralph Habib
1954 : Orage (Delirio) de Pierre Billon & Giorgio Capitani
1954 : Secrets d'alcôve segment Riviera-Express de Ralph Habib
1954 : Le mouton à cinq pattes d'Henri Verneuil
1954 : French Cancan de Jean Renoir
1954 : Les amants du Tage d'Henri Verneuil
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
1955 : Des gens sans importance d'Henri Verneuil
1956 : Paris Palace Hôtel d'Henri Verneuil
1956 : Le pays d'où je viens de Marcel Carné
1957 : Sait-on jamais ? de Roger Vadim
1957 : Cargaison blanche de Georges Lacombe
1957 : Thérèse Etienne de Denys de La Patellière
1958 : La chatte d'Henri Decoin
1958 : Asphalte d'Hervé Bromberger
1958 : Le chemin des écoliers de Michel Boisrond
1959 : La bête à l'affût de Pierre Chenal
1959 : La chatte sort ses griffes d'Henri Decoin
1959 : Le testament d'Orphée de Jean Cocteau
1960 : Le bal des espions de Michel Clément
1960 : La morte saison des amours de Pierre Kast
1961 : Les Parisiennes, segment Françoise de Claude Barma
1962 : Le diable et les dix commandements, partie Luxurieux point ne seras de Julien Duvivier
1963 : Vacances portugaises de Pierre Kast
1963 : À couteaux tirés de Charles Gérard
1964 : Lucky Jo de Michel Deville
1965 : Compartiment tueurs de Costa-Gavras
1965 : Le dimanche de la vie de Jean Herman
1965 : Le congrès s'amuse (Der Kongreß amüsiert sich) de Géza von Radványi
1969 : Le petit théâtre : Le roi d'Yvetôt de Jean Renoir
1970 : Les Espagnols à Paris (Españolas en Paris) de Roberto Bodegas
1974 : Dialogue d'exilés (diálogo d'Exilados) de Raoul Ruiz
1975 : Black-out de Philippe Mordacq
1976 : Dernière sortie avant Roissy de Bernard Paul
1976 : Violette & François de Jacques Rouffio
1979 : Bobo Jaco de Walter Bal
1983 : Ronde de nuit de Jean-Claude Missiaen
1987 : Nuit docile de Guy Gilles
1989 : Voir l'éléphant de Jean Marbœuf
1991 : Les années campagne de Philippe Leriche
1995 : Temps de chien de Jean Marbœuf
1996 : Post coïtum, animal triste de Brigitte Roüan
1999 : Merci pour le geste de Claude Faraldo
2010 : Beau rivage de Julien Donada
2016 : Le Cancre de Paul Vecchiali
Principaux téléfilms :
1961 : Les Tombales de Carlo Rim
1965 : La Guêpe de François Leterrier
1974 : La Mort d'un enfant de Jean-Louis Muller
1975 : Le Passager clandestin de Colette Djidou
1981 : L'Automate de Jean-François Claire
1981 : Mon enfant, ma mère de Serge Moati
1982 : L'amour s'invente de Didier Decoin
1984 : Souvenirs d'un amnésique de Philippe Laïk
1985 : Un garçon de France de Guy Gilles
1985 : L'Herbe rouge de Pierre Kast et Maurice Dugowson
1988 : La Garçonne d'Étienne Périer
1991 : Héloïse de Pierre Tchernia
1996 : Billard à l'étage de Jean Marbœuf
1997 : Une patronne de charme de Bernard Uzan
1998 : L'Alambic de Jean Marbœuf
2001 : Duval, un mort de trop de Daniel Losset
2005 : Le Voyageur de la Toussaint de Philippe Laïk
Filmographie de Françoise ARNOUL