ARLETTY
 Actrice française
Arletty a manié ce paradoxe étonnant d'avoir su être en même temps un vrai titi parisien avec cette voix incomparable et une grande dame du cinéma. Personnage unique, elle laisse son rire sonore, sa gouaille et son inaltérable élégance.
Arletty naît Léonie Marie Julia Bathiat, le 15 mai 1898, à Courbevoie dans la banlieue populaire de la capitale. Son père travaille à la compagnie des tramways de la ville. En 1918, il meurt écrasé par l'un de ses engins. Léonie après son certificat d'études apprend la sténo. Elle trouve un emploi de secrétaire puis de mannequin. Elle est remarquée par un riche banquier qui en fait sa protégée et lui permet de découvrir le monde du théâtre.
Des planches au grand écran
Engagée pour se produire dans des revues, notamment la revue nègre très dévêtue, elle adopte le nom d'Arletty. Elle connaît très vite le succès. Même si sa voix a un timbre peu banal, elle sait se faire entendre. Son côté populaire et canaille fait accourir les foules. Arletty a déjà trente deux ans lorsqu'elle accepte de tourner son premier film La douceur d'aimer de René Hervil. Elle se partage entre les planches et le grand écran. D'ailleurs plusieurs de ses films sont adaptés de l'opérette ou du théâtre comme Un soir de réveillon de Karl Anton avec Henri Garat, Le voyage de Monsieur Perrichon d'après Eugène Labiche, Messieurs les ronds de cuir adapté de Georges Courteline et Mais n'te promène donc pas toute nue à partir de la pièce de Georges Feydeau. Sacha Guitry la dirige dans de nombreux succès dont Faisons un rêve avec Raimu ou Désiré dans lequel elle joue la femme de chambre de Jacqueline Delubac. On retient aussi de cette période Pension Mimosas de Jacques Feyder avec Françoise Rosay. Mais c'est surtout grâce à Marcel Carné, l'assistant de Feyder sur ce dernier film, qu'Arletty tourne des œuvres mythiques aux répliques inoubliables. Sur le pont du Canal Saint-Martin dans Hôtel du Nord, elle se chamaille avec Louis Jouvet qui a des vues sur Annabella et lance son fameux Atmosphère. C'est peut-être plus encore dans Le jour se lève face à Jean Gabin assassin désespéré, qu'elle apparaît comme la véritable égérie poétique du Front Populaire. La même année, Fric-frac de Claude Autant-Lara auprès de Fernandel et Michel Simon et Circonstances atténuantes accompagné par la chanson Comme de bien entendu, confirment la tendance mais sur le mode comique.
De la Raymonde atmosphérique à la Garance paradisiaque
En juin 1940, les troupes allemandes défilant sur les Champs-Élysées peuvent voir Arletty à l'affiche de Tempêtes avec deux autres grands acteurs d'origine juive, Erich von Stroheim et Marcel Dalio. En 1941, l'actrice reprend le chemin des studios pour Madame Sans-gêne. Le réalisateur Roger Richebé lui demande d'obtenir des facilités de tournage auprès d'un colonel de la Luftwaffe. Arletty qui approche de ses quarante-cinq ans se laisse subjuguer par ce bel officier aviateur de plus de dix ans son cadet. Pendant leur liaison, elle s'éloigne un peu du cinéma, elle est néanmoins dans Les visiteurs du soir de Marcel Carné avec Alain Cuny et Jules Berry. En 1944, elle tourne Les enfants du Paradis, autre chef-d'œuvre de Carné. Elle y incarne une magnifique Garance aux côtés de Jean-Louis Barrault et Pierre Brasseur. Son comportement pendant l'occupation lui apporte des difficultés à la libération mais elle déclare : «Mon cœur est français mais mon cul est international.»
Le déclin et la cécité
L'immense succès des années trente et quarante n'est plus au rendez-vous. Jusque dans les années soixante, elle tourne cependant une vingtaine de productions, retrouve Carné et Gabin pour L'Air de Paris et reprend le chemin du théâtre, interprétant Un tramway nommé désir de Tennessee Williams. Elle tourne son dernier film Le Voyage à Biarritz en 1962 avec Fernandel. Mais déjà elle est menacée de cécité et les médecins lui conseillent de s'éloigner des projecteurs. Devenue aveugle, Arletty ne sort plus guère de son appartement les vingt dernières années de sa vie. Mais elle garde toujours sa répartie et ses amis fidèles. Elle publie son autobiographie La Défense où elle revient sur ses peines de cour et privilégie le théâtre. Elle a plus de 94 ans lorsqu'elle s'éteint à Paris, le 23 juillet 1992.


FILMOGRAPHIE :

Avec Marcel Carné
1930 : La douceur d'aimer de René Hervil
1931 : Un chien qui rapporte de Jean Choux
1932 : La belle aventure de Roger Le Bon & Reinhold Schünzel
1932 : Enlevez-moi de Léonce Perret
1932 : Une idée folle de Max de Vaucorbeil
1933 : Un soir de réveillon de Karl Anton
1933 : Mademoiselle Josette, ma femme d'André Berthomieu
1933 : Je te confie ma femme de René Guissart
1933 : La guerre des valses de Ludwig Berger
1933 : Le voyage de monsieur Perrichon de Jean Tarride
1934 : Pension Mimosas de Jacques Feyder
1934 : Le vertige de Paul Schiller
1935 : La fille de Madame Angot de Jean Bernard-Derosne
1935 : Amants et voleurs de Raymond Bernard
1935 : La garçonne de Jean de Limur
1936 : Aventure à Paris de Marc Allégret
1936 : Le mari rêvé de Roger Capellani
1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1936 : Messieurs les ronds de cuirs d'Yves Mirande
1936 : Feu la mère de Madame de Germain Fried
1936 : Mais n'te promène donc pas toute nue de Léo Joannon
1937 : Les perles de la couronne de Sacha Guitry & Christian-Jaque
1937 : Si tu m'aimes d'Alexandre Ryder
1937 : Aloha, le chant des îles de Léon Mathot
1937 : Désiré de Sacha Guitry
1938 : Le petit Chose de Maurice Cloche
1938 : Hôtel du Nord de Marcel Carné
1938 : La chaleur du sein de Jean Boyer
1939 : Le Jour se lève de Marcel Carné
1939 : Fric-frac de Maurice Lehmann & Claude Autant-Lara
1939 : Circonstances atténuantes de Jean Boyer
1939 : Tempête de Bernard-Deschamps
1941 : Boléro de Jean Boyer
1941 : Madame Sans-Gêne de Roger Richebé
1941 : La femme que j'ai le plus aimée de Robert Vernay
1942 : La Loi du 21 juin 1907 (cm) de Sacha Guitry
1942 : L'amant de Bornéo de Jean-Pierre Feydeau & René Le Hénaff
1942 : Les visiteurs du soir de Marcel Carné
1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné
1947 : La fleur de l'âge de Marcel Carné (inachevé)
1947 : Madame et ses peaux-rouges de Serge T. de Laroche (inachevé)
1949 : Portrait d'un assassin de Bernard-Roland
1951 : Gibier de potence de Roger Richebé
1951 : L'amour, madame de Gilles Grangier
1953 : Le père de mademoiselle de Marcel L'Herbier & Robert-Paul Dagan
1953 : Le grand jeu de Robert Siodmak
1954 : L'air de Paris de Marcel Carné
1954 : Huis-clos de Jacqueline Audry
1956 : Mon curé chez les pauvres d'Henri Diamant-Berger
1956 : Vacances explosives de Christian Stengel
1957 : Le passager clandestin (The stowaway) de Ralph Habib & Lee Robinson
1958 : Et ta sœur ? de Maurice Delbez
1958 : Maxime d'Henri Verneuil
1958 : Un drôle de dimanche de Marc Allégret
1961 : La gamberge de Norbert Carbonnaux
1961 : Les petits matins de Jacqueline Audry
1962 : Le jour le plus long (The longest day) d'Andrew Marton
1962 : La loi des hommes de Charles Gérard
1962 : Tempo di Roma de Denys de La Patellière
1962 : Le voyage à Biarritz de Gilles Grangier


Filmographie d'ARLETTY
 
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