Niels Arestrup voit le jour le 8 février 1949 à Montreuil-sous-Bois. Issu d'une famille modeste, Niels est le fils unique de Knud Arestrup, un exilé danois durant la Seconde Guerre mondiale et d'une mère lorientaise, Yvonne Turmel. Son prénom lui vaut d'être le premier Français prénommé Niels sur les listes de l'état civil. Mariés, Knud devient chef d'atelier de montage et sa mère ouvrière à la chaîne. La famille s'installe à Corbeil-Essonnes puis à Évry. Niels suit une scolarité chaotique, rate son bac et enchaîne les petits boulots. Il s'inscrit au cours de Tania Balachova, entame une carrière au théâtre et apparaît dans des petits rôles à la télévision et au grand écran dans Miss O'Gynie et les hommes fleurs de Samy Pavel et Stavisky d'Alain Resnais. En 2012, après dix ans de vie commune, Niels Arestrup épouse l'actrice et auteuse Isabelle Le Nouvel. La même année ils ont des jumeaux, un garçon et une fille.
Un second rôle solide mais discret
Niels Arestrup accumule les seconds rôles dans des films d'auteur de Claude Lelouch (Si c'était à refaire) mais souvent confidentiels pour Chantal Akerman (Je, tu, il, elle), Jeanne Moreau (Lumière), Frank Cassenti (La Chanson de Roland), Edgardo Cozarinsky (Les Apprentis sorciers). Sans jamais abandonner le théâtre, il construit une carrière atypique faite de seconds rôles et de personnages ambigus dans La Dérobade de Daniel Duval, La Femme flic d'Yves Boisset, Le grand Soir de Francis Reusser, et n'hésite pas à endosser des rôles de salauds dans Les Loups entre eux de José Giovanni ou La Rumba auprès de Roger Hanin. Il obtient rapidement des premiers rôles à la télévision dans des adaptations littéraires et s'impose en héros romantique dans Le Tourbillon des jours avec Yolande Folliot. En 1984, il est la vedette de Lorfou, un épisode de Série noire qui lui permet de retrouver Daniel Duval. Sur le petit écran, Niels Arestrup bénéficie au fil des années d'une reconnaissance comparable à celle qu'il connaît sur les planches, son terrain favori. Il entremêle parfois les deux, jouant sur scène La Cerisaie d'Anton Tchekhov et devant la caméra La Danse de Mort d'après Schnitzler par Claude Chabrol.
Reconnaissance tardive
Au milieu des années 1980, des réalisateurs de cinéma lui confient enfin des rôles principaux auprès de Christine Boisson (Seuls, Du blues dans la tête), Ornella Muti et Hanna Schygulla, dont il est l'amant dans le couple à trois du Futur est femme de Marco Ferreri, Isabelle Huppert dans Signé Charlotte ou Glenn Close dans La Tentation de Vénus d'Istvan Szabo où il incarne un chef d'orchestre hongrois en conflit avec l'Opéra de Paris. Il est le violoncelliste célèbre et malheureux dans Le Pique-nique de Lulu Kreutz, le père alcoolique dans Délit mineur ou un mari vieillissant dans Parlez-moi d'amour, dirigé de Sophie Marceau. Il crée le Théâtre-École du Passage, un des meilleurs cours privés de l'époque. En 2005, De battre mon cour s'est arrêté de Jacques Audiard, face à Romain Duris, annonce la reconnaissance. Sa prestation de père perfide, bourgeois et complexe est saluée d'un César. Un second arrive pour Un prophète de Jacques Audiard où il campe César Luciani, parrain de la mafia corse. Dès lors on le retrouve dans d'autres rôles ambigus et exigeants dans L'Affaire Farewell en patron des services secrets, 96 heures face à Gérard Lanvin, Le Candidat qu'il réalise avec Yvan Attal et Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier sur le monde de la politique.
Un prince de la scène
Sur les planches, il dirige le théâtre de la Renaissance de 1989 à 1993, retrouve Fanny Ardant dans La Musica de Marguerite Duras, Myriam Boyer dans Qui a peur de Virginia Woolf ?, Pierre Vaneck dans Copenhague, Carole Bouquet dans Phèdre et André Dussollier dans Diplomatie où il est Dietrich von Choltitz, le général allemand chargé de détruire Paris en 1944. Il met en scène Big Apple de son épouse Isabelle Le Nouvel en 2014. Avec sa jeune épouse, il devient père de deux jumeaux alors qu'il a 63 ans. Il reprend le rôle de Talleyrand dans Le Souper et celui du condamné pour meurtre dans Acting, sa première incursion humoristique aux côtés de Kad Merad qu'il retrouve dans la série triomphale Baron Noir. Au terme d'un long combat contre la maladie, Niels Arestrup s'éteint à l'âge de 75 ans, le 1er décembre 2004 à Ville-d'Avray.
FILMOGRAPHIE :
Avec Volker Schlöndorff
et André Dussollier
1974 : Stavisky d'Alain Resnais
1974 : Je, tu, il, elle de et
1976 : Lumière de Jeanne Moreau
1976 : Si c'était à refaire de Claude Lelouch
1976 : Le Grand Soir de Francis Reusser
1976 : Demain les mômes de Jean Pourtalé
1977 : Les Apprentis Sorciers d'Edgardo Cozarinsky
1977 : Plus ça va, moins ça va de Michel Vianey
1977 : La Chanson de Roland de Frank Cassenti
1980 : La Femme flic d'Yves Boisset
1981 : Du blues dans la tête d'Hervé Palud
1981 : Seuls de Francis Reusser
1981 : La Dérobade de Daniel Duval
1984 : Le futur est femme de Marco Ferreri
1985 : Signé Charlotte de Caroline Huppert
1985 : Diesel de Robert Kramer
1985 : Les loups entre eux de José Giovanni
1986 : La Rumba de Roger Hanin
1987 : Barbablú, Barbablú de Fabio Carpi
1987 : Charlie Dingo de Gilles Béhat
1987 : Doux amer de Franck Apprederis
1988 : Ville étrangère de Didier Goldschmidt
1989 : La Femme abandonnée d'Édouard Molinaro
1991 : La grande Dune de Bernard Stora
1991 : La Tentation de Vénus (Meeting Venus) d' István Szabó
1993 : Albert Savarus d'Alexandre Astruc
1994 : Délit mineur de Francis Girod
1998 : Rewind de Sergio Gobbi
2000 : Le Pique-nique de Lulu Kreutz de Didier Martiny
2001 : Une affaire privée de Guillaume Nicloux
2002 : Parlez-moi d'amour de Sophie Marceau
2005 : De battre mon cour s'est arrêté de Jacques Audiard
2005 : Les Fragments d'Antonin de Gabriel Le Bomin
2006 : Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel
2007 : La Part animale de Sébastien Jaudeau
2007 : Le Candidat de Niels Arestrup
2008 : Suite noire, tirez sur le caviste d'Emmanuelle Bercot
2009 : Un prophète de Jacques Audiard
2009 : L'Affaire Farewell de Christian Carion
2010 : Elle s'appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenner
2010 : L'Homme qui voulait vivre sa vie d'Éric Lartigau
2011 : Je n'ai rien oublié de Bruno Chiche
2011 : Tu seras mon fils de Gilles Legrand
2011 : Cheval de guerre (War Horse) de Steven Spielberg
2012 : À perdre la raison de Joachim Lafosse
2013 : Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier
2014 : 96 heures de Frédéric Schoendoerffer
2014 : Diplomatie de Volker Schlöndorff
2014 : La Dune de Yossi Aviram
2015 : Papa Lumière d'Ada Loueilh
2015 : Vue sur mer (By The Sea) d'Angelina Jolie
2017 : Retour à Montauk de Volker Schlöndorff
2017 : Au revoir là-haut d'Albert Dupontel
2018 : At Eternity's Gate de Julian Schnabel
2020 : Villa Caprice de Bernard Stora
2022 : Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar
Pour la télévision :
1974 : La Dernière Carte de Marcel Cravenne
1977 : Au bout du printemps de Bernard Dubois
1977 : Tauwetter de Markus Imhoof
1978 : Lulu de Marcel Bluwal
1979 : Le Tourbillon des jours de Jacques Doniol-Valcroze
1980 : Bruges la morte d'Alain Dhénaut
1982 : La danse de mort de Claude Chabrol
1982 : Le Retour d'Elisabeth Wolff de Josée Dayan
1982 : La Cerisaie de Peter Brook
1982 : Les Secrets de la princesse de Cadignan de Jacques Deray
1983 : Les Poneys sauvages de Robert Mazoyer
1983 : Mademoiselle Julie d'Yves-André Hubert
1987 : Lorfou (Série noire), de Daniel Duval
1988 : La Ruelle au clair de lune d'Édouard Molinaro
1989 : Manon Roland d'Édouard Molinaro
1989 : L'Ivresse de la métamorphose (Rausch der Verwandlung) d'Édouard Molinaro
1991 : La Grande Dune de Bernard Stora
1989 : La Femme abandonnée d'Édouard Molinaro
1993 : Albert Savarus d'Alexandre Astruc
1994 : Les derniers jours de la victime de Bruno Gantillon
2000 : Fernando Krapp m'a écrit cette lettre d'Yves Di Tullio et B Murat
2000 : La Part de l'ombre de Philippe Venault
2002 : Les Enquêtes d'Éloïse Rome de Didier Le Pêcheur
2006 : Le Rainbow Warrior de Pierre Boutron
2008 : Tirez sur le caviste d'Emmanuelle Bercot
2016 : Baron noir de Ziad Doueiri
2019 : À couteau tiré de Jean-Pierre Mocky
2022 : Les Papillons noirs d'Olivier Abbou et Bruno Merle
Filmographie de Niels ARESTRUP