De son vrai nom Aniseh Schahmaneche, Anicée Alvina est née le 28 janvier 1953 à Boulogne-Billancourt d'une mère française et d'un père iranien. Elle abandonne rapidement ses études pour suivre les cours du Conservatoire d'Art Dramatique de Saint-Germain-en-Laye. En 1969, elle obtient un petit rôle dans Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais . elle cause ! de Michel Audiard en fille délurée et enceinte interviewée par Mireille Darc.
Érotisme intello
En 1972, Anicée Alvina se fait remarquer dans Le rempart des Béguines de Guy Casaril d'après Françoise Mallet-Joris où elle vit une histoire d'amour avec Nicole Courcel, maîtresse de son père. Outre-manche, elle forme un couple d'adolescents avec Sean Bury dans Deux Enfants qui s'aiment. Dans cette histoire touchante où la Camargue remplace le Lagon bleu, elle y dévoile ses charmes pubères sous la houlette du vétéran Lewis Gilbert. La suite Paul et Michelle tourné en 1974 n'obtient pas le même succès. Marquée par cette prestation, elle intègre l'univers intellectuel teinté d'érotisme d'Alain Robbe-Grillet dans Glissements progressifs du plaisir avec Olga Georges-Picot et Le jeu avec le feu avec Jean-Louis Trintignant et Philippe Noiret. Elle obtient le rôle principal d'Isabelle devant le désir de Jean-Pierre Berckmans avec Jean Rochefort. En Italie, elle est la partenaire de Vittorio Gassman et Catherine Deneuve dans Âmes perdues de Dino Risi. Puis, elle devient l'égérie du cinéma d'auteur dans L'affiche rouge de Frank Cassenti, l'histoire des résistants du groupe Manouchian ou La barricade du Pont du Jour de René Richon qui se déroule durant la Commune de Paris. Puis Anicée Alvina s'oriente vers un cinéma plus populaire sans connaître le succès escompté. En 1977, elle interprète la maîtresse de Robert Stack qui délaisse sa femme, jouée par Sophie Desmarets dans Un second souffle de Gérard Blain. La même année, elle complète la distribution de One, Two, Two, 122, rue de Provence de Christian Gion avec Nicole Calfan et Francis Huster qui relate le quotidien d'une maison close parisienne.
Le triomphe de Virginie
De plus en plus, elle affine son image à la télévision dans Christa de Marcel Moussy ou La Godille de Rémy Grumbach. Sa reconnaissance professionnelle va s'acquérir par le biais d'un feuilleton en 6 épisodes Les 400 cents coups de Virginie de Bernard Queysanne dont elle partage l'affiche avec Yves-Marie Maurin. À une époque où la notoriété acquise à la télévision n'autorise pas à être sollicitée par le cinéma, elle se trouve curieusement ignorée par la profession. Elle se reconvertit un moment dans la chanson en remplaçant la chanteuse du groupe Ici Paris, l'un des plus singuliers engendrés par le rock français. Elle interprète les titres de l'album Allo le monde . Ici Paris et enregistre un 45 tours intitulé Maman je n'veux plus aller à l'école dont le succès ne dépasse pas le milieu du rock français branché. En 1983, Bernard Queysanne lui donne le rôle-titre du téléfilm Diane Lanster avec Jacques Spiesser mais ce retour s'avère sans lendemain. Ultime clin d'oil, cette fille d'origine iranienne incarne Shéhérazade pour une adaptation télévisée des Mille et une Nuit.
Lasse, elle cesse toutes ses activités professionnelles, elle se marie à Boncourt dans l'Eure-et-Loir avec Jean-Bernard Faline et donne naissance à quatre enfants Shirzane, Azadée, Rostam et Yassamine. Sa fille Azadée deviendra la chanteuse d'Ici Paris sous le nom d'Azadée Faline lorsque le groupe se reconstituera après le décès d'Anicée Alvina. À la fin de sa vie, Anicée Alvina renoue avec son métier de comédienne par amitié pour Gérard Blain dans des films qui restent confidentiels. Dans Jusqu'au bout de la nuit, elle joue une mère de famille à la dérive qui oblige un repris de justice à commettre des malversations. Sa composition dans Ainsi soit-il avec Paul Blain, fils du réalisateur, relève de l'anecdotique. En 2002, son rôle dans La vérité sur Charlie de Jonathan Demme est coupé au montage. En 2003, elle fait une dernière apparition dans un épisode de la série Les enquêtes d'Eloïse Rome dont Christine Citti est l'héroïne. Rongée par un cancer des poumons, Anicée Alvina décède prématurément le 10 novembre 2006, à l'âge de cinquante-trois ans, à Paris. Elle sera inhumée dans le cimetière de Boncourt en Eure et Loir.
FILMOGRAPHIE :
Avec Alain Robbe-Grillet
1970 : Deux enfants qui s'aiment (Friends) de Lewis Gilbert
1971 : Les grands sentiments font les bons gueuletons de Michel Berny
1971 : Christa d'Yves Ciampi et Marcel Moussy (tv)
1971 : Shéhérazade de Pierre Badel (tv)
1972 : François Maigorn, séminariste d'Yves-André Hubert (tv)
1972 : Le rempart des béguines de Guy Casaril
1973 : Glissements progressifs du plaisir de Alain Robbe-Grillet
1973 : Paul et Michèle (Paul and Michelle) de Lewis Gilbert
1973 : La Godille de Rémy Grumbach (tv)
1974 : Une femme fatale de Jacques Doniol-Valcroze
1974 : Isabelle devant le désir de Jean-Pierre Berckmans
1974 : Le jeu avec le feu d'Alain Robbe-Grillet
1975 : L'arriviste de Samy Pavel
1976 : Le trouble fesses de Raoul Foulon
1976 : L'affiche rouge de Franck Cassenti
1976 : Ames perdues (Anima persa) de Dino Risi
1977 : La barricade du Point du Jour de René Richon
1977 : One two two, 122 rue de Provence de Christian Gion
1977 : Un second souffle de Gérard Blain
1977 : L'honorable société de Arielle Weinberger
1978 : El terrorista de Víctor Alcázar
1979 : Les 400 Coups de Virginie de Bernard Queysanne (tv)
1980 : Rêve après rêve (yume, yume no ato) de Kenzo Takada
1983 : Diane Lanster de Bernard Queysanne (tv)
1995 : Jusqu'au bout de la nuit de Gérard Blain
1999 : Ainsi soit-il de Gérard Blain
2001 : La Vérité sur Charlie (The Truth about Charlie) de Jonathan Demme (coupée au montage)
2004 : L'Hétaire de Pierre Antonetti (tv)
Filmographie d'Anicée ALVINA