Michèle ALFA
 Actrice française
Michèle Alfa a été l’une des plus actrices les plus appréciées pendant l’Occupation. Sa blondeur naturelle, son regard clair, ses traits doux et réguliers, lui valurent d'occuper la place de vedette mais jamais de star.
Joséphine Blanche Alfreda Bassignot est née le 20 août 1911 à Gujan-Mestras en Gironde. Ses parents sont des commerçants installés à Nantes. En voyant Gaby Morlay dans Félix d’Henri Bernstein, elle décide qu’elle deviendra actrice. Mais ses parents restent rétiscents. Une tentative de suicide savamment mise en scène et le décès de son père clôt le débat. Joséphine sera actrice. À 17 ans, la désormais Michèle Alfa est trop jeune pour rentrer au Conservatoire, aussi devient-elle une élève très appliquée de Raymond Rouleau et se produit dans La Nuit du 12 au 13 et Au bout du monde. Elle entame une tournée avec L’Héritière d’après Henry James, Mademoiselle de Paname de Marcel Achard et surtout La Machine à écrire de Jean Cocteau. Elle est repérée par Marcel Herrand qui lui confie un rôle dans Capitaine Smith. Elle est follement amoureuse de l’inoubliable Lacenaire des Enfants du Paradis, ignorant que l’acteur préférait les jeunes garçons. En cachette, elle fait de petites apparitions dans La belle Aventure auprès d’Arletty et La Poule avec Arlette Marchal.
Vedette pendant l'Occupation
Après un premier rôle dans Lumières de Paris avec Tino Rossi, elle est engagée pour Le Corsaire de Marc Allégret, mais la guerre éclate et le film ne sera jamais achevé. Sous l'Occupation, elle est la maîtresse de Bernhardt Rademecker, un trompettiste de jazz qu'elle a connu avant guerre. C’est le neveu de Goebbels et le bel homme facilite son entrée dans les studios de cinéma. Elle connaît un premier grand succès dans Le pavillon brûle de Jacques de Baroncelli auprès de Jean Marais qu’elle retrouve dans Le lit à colonnes. Elle enchaîne les succès en donnant la réplique à André Luguet dans La femme que j’ai le plus aimée, Georges Lannes dans La neige sur les pas, René Dary dans Port d’attache, René Lefèvre dans À la belle frégate et Jean Chevrier dans Le secret de Madame Clapain. Malgré des critiques qui n’apprécient pas son jeu trop théâtral, exagérément dramatique et son visage étrange et triste, elle devient la comédienne la plus appréciée du public. En 1942, elle épouse Paul Meurisse, tout juste séparé d’Édith Piaf. Il n’est encore qu’un humoriste débutant alors qu’elle est au sommet. Ils se séparent l’année suivante et l’union prend fin officiellement en 1946.
Le déclin après-guerre
On peut voir Michèle Alfa dans L’homme qui vendit son âme où elle est la salutiste Blanche dont s’éprend un banquier ruiné qui vient de vendre son âme au Diable, dans Jeannou tourné dans le Périgord noir, dans Le comte de Monte-Cristo magnifiquement interprété par Pierre Richard-Willm, dans L’Ange de la nuit, un mélodrame sirupeux où elle devient l’amante d’un sculpteur devenu aveugle (Jean-Louis Barrault) délaissant le jeune Henri Vidal et dans L’aventure est au coin de la rue où elle dirige un véritable gang. Après la Libération, la plupart des réalisateurs et professionnels du cinéma ne lui pardonnent pas sa relation avec Rademecker pendant l'Occupation. Il faut dire aussi que son jeu est passé de mode. Cette emphase dans ses évanouissements spectaculaires, sa manière très théâtrale de dire ses répliques et sa manière narcissique de fixer la caméra quand ses partenaires lui parlent sont rapidement supplantés par la modernité des jeunes pousses comme Martine Carol ou Françoise Arnoul. Comme la plupart des grandes dames d’avant-guerre et pendant, elle ne se voit plus confier de rôles importants. Elle ne tourne que cinq films dont Sombre dimanche de Jacqueline Audry et Agence matrimoniale avec Bernard Blier avant de renoncer au cinéma en 1952. Elle joue encore quelques pièces de théâtre et se produit dans une des premières émissions de télé-réalité en 1963. Michèle Alfa a épousé l’administrateur de société Philippe Plouvier en juillet 1959. Elle vit une retraite paisible loin des regards des curieux dans sa villa du Vésinet mais doit comme Mireille Balin accepter l’aide de La Roue tourne en 1968. C’est au Vésinet qu’elle meurt le 24 août 1987 à l’âge de 76 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Raymond Rouleau
1932 : La Belle Aventure de Reinhold Schünzel et Roger Le Bon
1933 : La Poule de René Guissart
1935 : Barcarolle de Gerhard Lamprecht et Roger Le Bon
1936 : Trois, six, neuf de Raymond Rouleau
1938 : Ramuntcho de René Barberis
1937 : Lumières de Paris de Richard Pottier
1937 : La Dame de pique de Fedor Ozep
1938 : Paix sur le Rhin de Jean Choux
1938 : Adrienne Lecouvreur de Marcel L'Herbier
1938 : Ultimatum de Robert Wiene
1939 : Le Corsaire de Marc Allégret (inachevé)
1939 : Prince Bouboule de Jacques Houssin
1941 : Le Dernier des six de Georges Lacombe
1941 : Le pavillon brûle de Jacques de Baroncelli
1942 : La Femme que j'ai le plus aimée de Robert Vernay
1942 : La Neige sur les pas d’André Berthomieu
1942 : Le Lit à colonnes de Roland Tual
1943 : Port d’attache de Jean Choux
1943 : À la belle frégate d’Albert Valentin
1943 : Le Secret de Madame Clapain d’André Berthomieu
1943 : L'Homme qui vendit son âme de Jean-Paul Paulin
1943 : Jeannou de Léon Poirier
1943 : Le Comte de Monte-Cristo de Robert Vernay
1944 : L'Ange de la nuit d’André Berthomieu
1944 : L'aventure est au coin de la rue de Jacques Daniel-Norman
1947 : Quartier chinois de René Sti
1948 : Erreur judiciaire de Maurice de Canonge
1948 : Sombre dimanche de Jacqueline Audry
1950 : Premières armes de René Wheeler
1952 : Agence matrimoniale de Jean-Paul Le Chanois


Filmographie de Michèle ALFA
 
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