Raymond AIMOS
 Acteur français
L'oil étincelant, le verbe railleur, le visage barré d'un sourire éternel, le regard plein de malice. ainsi se présentait inévitablement Aimos, dans les comédies légères comme dans les drames les plus sombres. Il fut le titi, l'homme du peuple voué aux mauvais coups de la vie mais gardant sans cesse son optimisme.
Raymond Aimos, né Raymond Arthur Caudrilliers, voit le jour le 28 mars 1891 à La Fère, dans l'Aisne. Fils d'un horloger-bijoutier, il ne se sent guère attiré par l'entreprise paternelle, et préfère se lancer dans une carrière artistique. Intéressé par le monde du music-hall et du spectacle, il devient artiste lyrique et choisira Aimos comme pseudonyme. Au début des années dix, il débute au cinéma sous la houlette de Jean Durand, dans Pendaison à Jefferson City et dans quelques épisodes des Onésime interprété par Ernest Bourbon. Une dizaine d'années après, on le retrouve chez Henri Diamant-Berger dans Vingt ans après, un film à épisodes d'après Alexandre Dumas, suite des Trois mousquetaires du même réalisateur. Des débuts discrets et modestes pour Raymond Aimos, cantonné jusqu'alors à des rôles de figuration.
Le brave type des années 30
C'est au début des années trente que sa carrière d'acteur cinématographique décolle véritablement. Sa gouaille sympathique, son regard malicieux et son aspect dégingandé en font le titi parisien par excellence, généreux et débrouillard. On le remarque chez René Clair en homme du populo dans Sous les toits de Paris, l'ami de la petite fleuriste de Quatorze Juillet et en mendiant dans Le dernier Milliardaire. Raymond Bernard en fait un poilu dans Les Croix de bois et Serge de Poligny un ouvrier dans Rivaux de la Piste et un matelot dans L'Étoile de Valencia. S'ils ne l'imposent pas en vedette, ces réalisateurs savent tirer parti de son physique de brave type, pour des compositions tout en finesse. C'est surtout Julien Duvivier qui va lui offrir ses meilleures compositions. Il est le joueur qui entraîne Albert Préjean sur le Paquebot Tenacity, Toussaint dans sa version du Golem, le légionnaire de La Bandera, le vieil acteur de L'Homme du Jour avec Maurice Chevalier et surtout Tintin dans La Belle Équipe. Ayant pour partenaires Jean Gabin et Charles Vanel, il devient le copropriétaire, avec ses camarades, d'une guinguette au bord de la Marne, après avoir gagné le gros lot à la loterie. C'est alors l'âge d'or du réalisme poétique en France, et Raymond Aimos convient parfaitement à ce mouvement : toujours des personnages au grand cour, modestes, déshérités, paumés, à la dérive, décrits avec poésie et tendresse, mais sur lesquels la misère et le malheur s'abattent. Excentrique du cinéma français, Aimos en est l'un des visages les plus familiers. Oscillant de la comédie au drame avec une facilité déconcertante, il est le bagnard La Ficelle dans Chéri Bibi avec Pierre Fresnay, Quart-Vittel dans Quai des brumes auprès du déserteur Jean Gabin, Dix de Der dans Titin des Martigues ou le clochard Cupidon dans Monsieur La Souris qui partage son banc avec Raimu. Mais là ne s'arrête pas la liste des interprétations hautes en couleurs de cet acteur extrêmement prolifique que fut Aimos. Marié à Madeleine Botté à Paris le 12 juin 1923, Raymond Aimos en divorça le 20 décembre 1938. En 1940, il ouvre un restaurant dans la capitale, rue Montmartre, L'œuvre des Gosses d'Aimos, destiné à nourrir les enfants pauvres du quartier, un «resto du cour» bien avant ceux de Coluche.
Une mort de Gavroche
En 1939, le tournage de l'un de ses derniers films, Bifur 3, est interrompu par la déclaration de la guerre, et reprend en 1944. Il disparaît quelques jours après la fin du tournage, le 20 août 1944 à Paris. Lors de l'insurrection précédant la Libération de Paris, d'une façon restée encore mystérieuse de nos jours, il est touché par une balle (perdue ? française ? allemande ?). Les témoignages ne concordent pas et certains parlent même d'un règlement de comptes, l'homme ayant eu des liens avec le Milieu. L'événement se déroule dans le Xe arrondissement de ville, alors qu'il combat au sein d'une troupe des Forces Françaises de l'Intérieur. II rend le dernier soupir quelques heures plus tard à l'Hôpital Saint-Louis où il a été conduit, sans pièce d'identité sur lui. Son épouse ayant lancé un avis de recherche, ce n'est que plusieurs jours après qu'elle eut la confirmation de la triste nouvelle. Une fin à la Gavroche en quelque sorte.


FILMOGRAPHIE :

Avec Sacha Guitry
1922 : Vingt ans après d'Henri Diamant-Berger (en 10 épisodes)
1930 : Sous les toits de Paris de René Clair
1930 : Accusée levez-vous ! de Maurice Tourneur
1931 : Les croix de bois de Raymond Bernard
1931 : Mistigri d'Harry Lachman
1932 : Pas de femmes de Mario Bonnard
1932 : Le champion du régiment d'Henry Wulschleger
1932 : Rivaux de la piste de Serge de Poligny
1932 : Les As du turf de Serge de Poligny
1932 : Quatorze Juillet / 14 Juillet de René Clair
1933 : L'étoile de Valencia de Serge de Poligny
1933 : La garnison amoureuse de Max de Vaucorbeil
1933 : Un certain monsieur Grant de Gerhardt Lamprecht & Roger Le Bon
1933 : Au bout du monde d'Henri Chaumette & Gustav Ucicky
1934 : Le paquebot Tenacity de Julien Duvivier
1934 : Nuit de mai de Gustav Ucicky & Henri Chaumette
1934 : Le dernier milliardaire de René Clair
1934 : Justin de Marseille de Maurice Tourneur
1934 : Le miroir aux alouettes d'Hans Steinhoff & Roger Le Bon
1934 : Le secret des Woronzeff d'Arthur Robison & André Beucler
1935 : L'équipage d'Anatole Litvak
1935 : Les yeux noirs de Victor Tourjansky
1935 : Barcarolle de Gerhardt Lamprecht & Roger Le Bon
1935 : La Bandera de Julien Duvivier
1935 : Sous la griffe de Christian-Jaque
1935 : Amants et voleurs de Raymond Bernard
1935 : Puits en flammes de Victor Tourjansky
1935 : Le Golem de Julien Duvivier
1936 : Les mutinés de l'Elseneur de Pierre Chenal
1936 : La brigade en jupons de Jean de Limur
1936 : Sous les yeux d'Occident de Marc Allégret
1936 : L'homme du jour de Julien Duvivier
1936 : La belle équipe de Julien Duvivier
1936 : À nous deux, madame la vie d'Yves Mirande & René Guissart
1936 : Mayerling d'Anatole Litvak
1936 : Les gais lurons de Paul Martin & Jacques Natanson
1936 : L'homme sans cour de Léo Joannon
1936 : Courrier sud de Pierre Billon
1936 : Les amants terribles de Marc Allégret
1936 : Ménilmontant de René Guissart
1936 : La reine des resquilleuses de Marco de Gastyne
1936 : L'homme à abattre de Léon Mathot
1936 : Le grand refrain d'Yves Mirande
1936 : Les bateliers de la Volga de Vladimir Strijewski
1937 : L'appel de la vie de Georges Neveux
1937 : Sarati, le terrible d'André Hugon
1937 : Le mensonge de Nina Petrovna de Victor Tourjansky
1937 : Titin des Martigues de René Pujol
1937 : Arsène Lupin, détective d'Henri Diamant-Berger
1937 : La fille de la Madelon de George Pallu & Jean Mugeli
1937 : Feu ! de Jacques de Baroncelli
1937 : Chéri-Bibi de Léon Mathot
1937 : Ahola, le chant des îles de Léon Mathot
1938 : Alerte en Méditerranée de Léo Joannon
1938 : Bossemans et Coppenolle de Gaston Schoukens
1938 : Raphaël le tatoué de Christian-Jaque
1938 : La route enchantée de Pierre Caron
1938 : Sommes-nous défendus ? de Jean Loubignac
1938 : Katia de Maurice Tourneur
1938 : Quai des brumes de Marcel Carné
1938 : Les Gens du voyage de Jacques Feyder
1938 : Tempête sur l'Asie de Richard Oswald
1938 : Ultimatum de Robert Wiene
1938 : Les rois de la flotte de René Pujol
1938 : La maison du Maltais de Pierre Chenal
1938 : Ceux de demain d'Adelqui Migliar & George Pallu
1938 : Le capitaine Benoît de Maurice de Canonge
1938 : Mon curé chez les riches de Jean Boyer
1938 : Accord final d'Ignacy Rosenkranz
1938 : Le paradis des voleurs de Lucien-Charles Marsoulet
1938 : Gosse de riche de Maurice de Canonge
1938 : Grisou de Maurice de Canonge
1938 : Une java de Claude Orval
1938 : Un gosse en or de Georges Pallu
1939 : Le dernier tournant de Pierre Chenal
1939 : Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry
1939 : Thérèse Martin de Maurice de Canonge
1939 : Ma tante dictateur de René Pujol
1939 : Les gangsters du Château d'If de René Pujol
1939 : Rappel immédiat / Tango d'adieu de Léon Mathot
1939 : Le déserteur / Je t'attendrai de Léonide Moguy
1939 : Young man's Fancy de Robert Stevenson
1939 : Le monde tremblera / La révolte des vivants de Richard Pottier
1939 : Sidi-Brahim de Marc Didier
1939 : Dédé la musique / Dédé de Montmartre d'André Berthomieu
1939 : Le feu de paille / L'enfant prodige de Jean Benoît-Lévy
1939 : Le café du port de Jean Choux
1939 : L'émigrante de Léo Joannon
1939 : L'embuscade de Fernand Rivers
1939 : Le roi des galéjeurs de Fernand Rivers
1939 : Les trois Tambours de Maurice de Canonge
1940 : De Mayerling à Sarajevo de Max Ophüls
1940 : Fausse alerte de Jacques de Baroncelli
1940 : Ceux du ciel d'Yvan Noé
1941 : Pension Jonas de Pierre Caron
1942 : Lumière d'été de Jean Grémillon
1942 : La femme que j'ai le plus aimée de Robert Vernay
1942 : L'appel du Bled de Maurice Gleize
1942 : Monsieur la Souris de Georges Lacombe
1942 : À la Belle Frégate d'Albert Valentin
1942 : Coup de feu dans la nuit de Robert Péguy
1943 : Le mort ne reçoit plus de Jean Tarride
1944 : Les petites du quai aux fleurs de Marc Allégret
1944 : Bifur trois de Maurice Cam


Filmographie de Raymond AIMOS
 
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